Karidja : Six ans en France, dont deux au sein du chantier d’insertion de La Chorba

Arrivée de Côte d’Ivoire en 2015, Karidja nous parle du long chemin qui l’a mené en France, avec la détermination de durement travailler, et l’espoir de bâtir un meilleur avenir pour ses enfants.


Quitter ses proches, le pays où l’on a grandi, son « chez-soi » pour une autre terre, n’est jamais un voyage facile. 

Encore moins pour Karidja, qui a laissé ses quatre enfants en Côte d’Ivoire auprès de leur grand-mère, pour venir travailler en France, accompagnée de sa plus jeune fille.
Karidja n’a pas eu la chance d’aller à l’école, et elle garde de son enfance des souvenirs de moments passés à aider ses parents dans la gestion de leur commerce. Quelques années plus tard, après son mariage, elle continue à travailler pour subvenir aux besoins de sa famille, avec son mari. Une fois en France, c’est toujours cet objectif qui lui donne de la force, avec l’ambition de mieux gagner sa vie et d’offrir plus de confort à sa famille.

Après avoir longtemps travaillé dans l’hôtellerie, elle croise le chemin de La Chorba, et rejoint le chantier d’insertion en mai 2019. 

Chargée de l’entretien et de la propreté des locaux et d’aider en cuisine, Karidja est accompagnée par Delphine, notre conseillère d’insertion professionnelle, et suit également des cours de langue française chaque semaine.
Même si elle cherche parfois ses mots et rit timidement, elle a conscience du réel progrès fait dans sa maîtrise de la langue.     « Ici j’ai appris que c’est important de savoir lire et écrire. Que ce soit pour les démarches administratives ou dans la vie de tous les jours. Depuis que je suis à La Chorba, j’ai développé beaucoup de compétences et de techniques, mais aussi amélioré mon français. Mes enfants m’avaient appris l’alphabet, et grâce à ma formatrice, je peux maintenant lire et écrire certains mots. »
Plus que la pratique de la langue et l’acquisition de nouvelles compétences, elle observe une évolution personnelle. De nature calme et réservée, Karidja a pris le temps de s’ouvrir aux autres, discuter, nouer des liens avec les autres salariés en insertion.
« Même au pays, on me disait que j’étais très calme, et chez nous il y a cette retenue pour les femmes de prendre la parole parfois. Depuis que je suis en France, et surtout depuis que je suis à La Chorba, j’ai appris à ne pas tout garder pour moi, même si au début ce n’était que pour parler avec des petits mots. Quand je ne comprends pas quelque chose, je pose la question, je suis curieuse, alors que ce n’était pas le cas avant. Mais c’est surtout voir des gens qui me permets de plus m’ouvrir. »
Venir à La Chorba lui permet de retrouver des personnes qu’elle apprécie et ça lui fait du bien, nous dit-elle. Une journée qu’elle raconte le soir à sa toute petite fille en lui cuisinant les plats français qu’elle a appris aux côtés des cheffes encadrantes Fadila et Ouria. Elle s’entraîne encore à faire des crêpes pour le plus grand plaisir de sa fille, et lorsque le temps lui est donné, elle échange longuement par téléphone avec ses enfants restés là-bas.

« Je dis à mes enfants que l’école c’est important. Il faut être courageux, ambitieux, et surtout travailler dur pour être méritant dans la vie ».

D’une voix douce, cette femme forte et ambitieuse partage avec nostalgie et fierté tout cette sagesse qu’elle a acquis de ses expériences, et ne compte pas en rester là.