Fatima, une découverte de soi par le bénévolat

Expatriée pendant longtemps, la crise sanitaire pousse Fatima à revenir à Paris. Durant ce temps, elle apprend à se connaître davantage, développe son rapport aux autres grâce au bénévolat et tisse des liens forts avec La Chorba.
Juriste d’entreprise au beau parcours, Fatima a grandi dans le 12e arrondissement de Paris, qu’elle a quitté pour quelques années afin de travailler à l’étranger. Après l’Algérie, la Roumanie, le Koweït ou encore le Qatar, elle revient en France en juillet 2020, poussée par les aléas de la crise sanitaire. Dans ce contexte si particulier, où chacun est contraint de rester chez soi, elle profite de ce temps qui lui est donné pour en apprendre plus sur elle-même. La lecture, le yoga ou encore la méditation l’aident à s’évader, mais c’est surtout quand elle commence à faire du bénévolat que ses envies profondes se révèlent : aider concrètement à son échelle.
Elle s’engage alors les weekends auprès de différentes associations via Bénénova, et s’inscrit à la collecte alimentaire des Banques Alimentaires avec La Chorba en novembre. Fatima constate alors le lien entre les différentes associations, qui ont mis en commun leurs forces pour lutter contre la précarisation de la population«J’avais déjà entendu parlé de l’association par mon frère, mais c’est quand j’ai vu qu’il y avait la collecte alimentaire que je me suis inscrite sur Benenova. Après cette première action, j’ai continué, j’avais aimé le contact avec les équipes de La Chorba, et surtout Rim et Nezha. Voir des gens aimables et généreux, mobilisés pour aider des personnes qu’ils ne connaissent pas, ça m’a fait quelque chose. Avec le premier confinement, je me suis posé des questions, et j’avais un peu perdu confiance en moi. Mais cette action m’a boosté, et ça m’a procuré un réel plaisir ».
Si la crise du covid-19 nous a poussé à nous isoler, elle nous a aussi paradoxalement rapprochés les uns et des autres, au point de tisser des liens forts. « Je me souviens d’un monsieur, lors de la collecte alimentaire, qui a ramené un caddie rempli de produits. Il disait avoir connu la misère, et avait conscience qu’avec la crise les choses n’étaient pas faciles pour tout le monde. Ça m’a beaucoup touché. Et encore plus lorsque j’ai vu ces produits collectés redistribués aux familles des colis, qui étaient heureux et reconnaissants… On crée des connexions de nulle part et on s’apporte une chaleur mutuelle ».
C’est cette entraide et ce lien humain qui la « nourrit ». La possibilité de faire de nouvelles rencontres, d’échanger avec les bénévoles et les bénéficiaires, dans une pure bienveillance, « parce que rien n’oblige personne à être là, tout repose sur la bonne volonté ».
Si c’est surtout depuis la crise sanitaire qu’elle participe à des actions, ses expériences associatives débutent dès ses années à la fac, et continue à l’étranger en prenant part à certains projets, notamment au Qatar où elle participe à des « beach clean-up » pour nettoyer les plages. Avec cette envie de faire bouger les lignes autour d’elle, Fatima pense constamment à de nouvelles manières d’agir. « J’aidais une association à démarcher des commerçants pour les inciter à donner leurs invendus, en échange d’une défiscalisation plus importante. Je vais donc voir la boulangerie à côté de chez moi, qui aimait le principe, mais qui n’était pas emballé par la paperasse. En rentrant, je me suis dit, mais pourquoi ne pas redonner ce pain à La Chorba. Depuis fin 2020, tous les soirs, je me suis mise à récupérer du pain et des viennoiseries pour l’association. Et maintenant, j’ai confié cette tâche à mon papa, qui le fait avec plaisir ».

Ce qui importe à ses yeux, c’est de sentir qu’elle apporte un petit plus, que ce soit en préparant les colis, lors d’une distribution de repas, ou juste en échangeant quelques paroles. Elle souhaite se souvenir d’eux, garder en mémoire cet échange et ce sentiment de se sentir apprécié en retour.

« J’aime prendre soin des autres, et même si je ne fais pas ça dans ce but, ça me fait me sentir aimé. Le bénévolat est à la fois une force qui me nourrit, et qui me rapproche de moi-même ».